La méditation offre de nombreux bénéfices pour notre santé physique, émotionnelle et mentale, en plus de nous ouvrir à d’autres niveaux de conscience.En calmant l’esprit, l‘état émotionnel s’apaise et notre santé peut s’améliorer. La méditation allège les symptômes liés au stress et aurait des effets sur les maladies inflammatoires, les signes du vieillissement, et sur des pathologies liées au vieillissement.
La méditation aiderait à réduire les niveaux de cortisol, hormone liée au stress, et de radicaux libres (ROS). Elle contriburait également à stimuler les mécanismes anti-inflammatoires, à élever les taux d’endorphines et de neurotrophines.
Pour mieux comprendre ces effets de la méditation sur l’organisme, ses effets sur l’expression de nos gènes sont de plus en plus étudiés. C’est le passionnant domaine de l’épigénétique.
- L’épigénétique ? L’expression des gènes ?
L’expression des gènes ?
Nos gènes sont portés par l’ADN, localisé dans le noyau de nos cellules. Pour être exprimés, ils sont d’abord transcris en ARN messager (ARNm). Puis ils sont traduits en protéines. Ces deux étapes de transcription et traduction sont, en simplifiant un peu, ce que l’on nomme « expression des gènes ».
Or, tous gènes ne s’expriment dans toutes nos cellules. Certains ne s’expriment que dans les cellules cardiaques (car ils contribuent au fonctionnement du coeur), d’autres que dans le foie, etc. Certains gènes ne s’expriment qu’à certains moments de la vie.
Certains gènes sont empêchés de s’exprimer (grâce à l’ajout d’un groupe « méthyle » (-CH3 pour les chimistes) : ces gènes sont réduits au silence. Parce qu’ils ne doivent pas s’exprimer dans un type cellulaire, ou pas à un moment donné du développement.
Dès que ce groupe « méthyle » est éliminé, les gènes peuvent s’exprimer.
On observe également d’autres modifications de l’expression des gènes, affectant les histones (des protéines en forme de bobines autour desquelles s’enroule l’ADN. Ce qui lui permet d’être bien compacté dans les chromosomes), ou les ARNs non codants (qui assurent la stabilités de l’expression génique).
Les mécanismes épigénétiques ne changent pas nos gènes, notre ADN. Mais ils modifient l’activité des gènes.
De telles modifications peuvent affecter la réponse immunitaire, la plasticité cérébrale, les capacités d’apprentissage, la mémoire, etc.
- Notre vécu a de l’influence
Notre vécu et nos émotions ont un effet sur l’expression des gènes.
L’expression de certains gènes peut en effet être modifiée lors de grandes difficultés dans la petite enfance, lors de stress post-traumatique, ou de dépression.
Notre état de santé peut porter les conséquences de ces modifications de l’expression de nos gènes.
Cependant, ces modifications sont possiblement réversibles : un gène peut être « déméthylé », les modifications des histones et des ARNs non codants peuvent aussi être inversées. Comment ?
En adoptant des attitudes et des habitudes qui améliorent la qualité de vie, telles que l’éducation, l’exercice physique, le sommeil, une alimentation saine (Quach et al.2017). On peut donc consciemment modifier l’expression de certains gènes. Voire inverser certains effets d’évènements traumatiques sur l’expression de nos gènes.
- Notre influence consciente
Il est aujourd’hui reconnu que des pratiques qui apaisent l’esprit, telles que le yoga ou la méditation, en allégeant les effets du stress, ont des répercussions positives sur la régulation des émotions et sur la santé (maladies inflammatoires, vieillissement et maladies liées au vieillissement) (Chetelat et al.2018). Le yoga pourrait ralentir certains processus neurodégénératifs, en diminuant les effets du stress sur les cellules et en contribuant à préserver la plasticité neurone.
Méditer contribue à réduire le taux de cortisol, à diminuer certains radicaux libres, à stimuler des molécules anti-inflammatoires et des endorphines (Pascoe et al.2017). Méditer influence aussi les niveaux de sérotonine, de mélanine, d’adrénaline (Kasala et al. 2014).
Chez des méditants très expérimentés, une expression de gènes différente de celles de personnes qui ne méditent pas, pour des gènes impliqués dans la régulation cellulaire, la réponse immunitaire et la réponse au stress (Ravnik-Glavac et al.2012). La méditation pratiquée sur le long terme influence l’expression de gènes impliqués dans le métabolisme des lipides et du glucose, le repliement des protéines, ou encore dans la modulation de l’inflammation (Garcia-Campayo et al. 2018)
- L’influence de la méditation pourrait donc aussi passer par…. l’épigénétique.
D’autres études montrent que la méditation peut influencer l’expression de gènes impliqués dans le vieillissement et le métabolisme de la cellule (Chaix et al. 2020). Ou encore que des paramètres du vieillissement diminuent d’autant que le temps de méditation augmente (Chaix et al. 2017).
La combinaison de pratiques de méditation, de yoga, de respiration, de pleine conscience, sur plusieurs semaines, montrent des différences d’expression de gènes impliqués dans l’infammation, le métabolisme, le stress oxydant, diminuant la stress, la fatigue, les symptômes de la dépression et augmentant la réponse immunitaire (Venditti et al. 2020)
Une étude chez des méditants expérimentés a montré que l’expression de leurs gènes était impliquée dans la régulation du cycle cellulaire et du métabolisme (notamment ceux des glucides et des lipides), la réponse immunitaire, la réponse au stress, le vieillissement, la réponse à l’inflammation, le fonctionnement neuronal, la réduction du stress et de la fatigue, les symptômes dépressifs, etc.
Donc la réduction du stress et tous les effets bénéfiques liés à la méditation (et plus globalement à la pratique du yoga) se retrouvent également au niveau de nos gènes. Est-ce les effets des hormones et autres métabolites qui jouent sur les gènes ou ce qui est exprimer par les gènes qui jouent sur les hormones et autres métabolites ? Vraisemblablement les deux.
Si un environnement stressant peut avoir un effet sur nos gènes, en modifiant leur expression, puis en entraînement des réponses néfastes pour la santé et le bien-être, on peut aussi constater que la pratique de la méditation, qui est considérée comme un environnement positif, a des effets très bénéfiques sur le génome. Notamment sur les gènes impliqués dans la sécrétion des corticoïdes, de la sérotonine et des neurotrophines. Par ce biais, la méditation agirait donc sur nos fonctions hormonales, neuronales et comportementales.
Ces premières observations, dans un domaine de recherche passionnant, tendent à montrer que l’entraînement au silence intérieur grâce à la méditation, pourrait prévenir ou réparer certains des effets du stress, voire adoucir les effets d’événements difficiles traversés au cours de la vie.
Encore une bonne raison de s’y mettre.
https://youtu.be/DBGeY1eJ8i0
BIBLIOGRAPHIE
Chaix R. et al. (2017), Clock analysis in long-term meditators. Psychoneuroendocrinology, 85, 210-2014
Chaix et al. (2020), Differential DNA methylation in experienced meditators after an intensive day of mindfulness-based practice : implications for immune-related pathways. Brain.Behav.Immun. 84, 36-44
Chetelat G. et al.(2018) Why could meditation practice help promote mental health and well-being in aging ? Alzheimers Res.Ther, 210, 57
Garcia-Campayo J. et al. (2018) Epigenetic response to mindfulness in peripheral blood leukocytes involves genes linked to common human disease. Mindfulness 9, 1146-1159
Kasala E. et al. (2014) Effect of meditation on neurophysiological changes in stress mediated depression. Compl.Ther.Clin.Pract. 20, 74-80
Pascoe M. C. et al.(2017), Mindfulness mediates the physiological markers of stress : systematic review and meta-analysis. J.Psychiatric Res. 95, 156-178
Quach A. et al.(2017), Epigenetic clock analysis of diet, exercice, education, and lifestyle factors. Aging, 9, 419-437
Ravnik-Glavac M. et al.(2012), Genome-wide expression changes in higher state of consciousness. Conscious Cognitive. 21, 1322-1344.
Venditti S. et al. (2020), Molecules of silence : effects of meditation on gene expression and epigenetic. Frontiers in psychology, 11. 1767.